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quantaine de pas. Le jeune homme, furieux, fit feu une seconde fois, puis une troisième, sans plus de résultat. Il n’y comprenait rien.

« — Ce diabolique animal doit m’avoir jeté un sort ! songea-t-il.

« Et il jugea qu’il serait plus sage de battre en retraite. Il voulut tenter de retourner en arrière.

« Cinq gros ours blancs lui barrèrent le passage, mais n’essayèrent pas de le poursuivre dès qu’il eut repris sa marche en avant. Très inquiet, Serge pensa que le mieux était de s’abandonner à sa destinée. Il continua donc sa route, toujours précédé du lièvre blanc qui semblait lui montrer le chemin.

« À mesure qu’ils avançaient, la forêt se faisait plus giboyeuse, mais aussi plus sombre. Les arbres étaient si serrés et si touffus que la faible clarté de la nuit polaire ne parvenait pas à en dissiper les ténèbres. Serge entrevit dans l’ombre des rennes aux andouillers d’argent, des loups, des ours, tout un monde d’animaux. Mais, ce qui l’épouvanta le plus, ce fut un gigantesque éléphant blanc, pareil à ceux dont les pêcheurs ont retrouvé les cadavres gelés dans les îles. Serge sentait le vertige de la peur l’envahir : ses cheveux se hérissaient tous droits sous son bonnet de fourrure ; mais, il avançait toujours dans les ténèbres, sentant bruire autour de lui des milliers d’animaux.

« Enfin, une lueur brilla, pareille à celle de l’aurore boréale. Et brusquement, sans savoir