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tres, autour de leurs fétides brasiers, et ainsi pelotonnés, ils attendent le retour du printemps, qui vient faire éclore quelques maigres fleurettes, et faire surgir quelques maladifs arbrisseaux dans la zone maudite et déshéritée des régions arctiques.

Cependant la neige continuait à tomber. Armandine et Ludovic commençaient à s’ennuyer des savantes explications d’Alban Molifer.

La face collée au cristal épais des fenêtres de l’aéroscaphe, ils regardaient mélancoliquement tourbillonner les silencieux papillons blancs de la neige qui, toujours plus volumineuse et plus dense, achevait d’ensevelir le paysage, en supprimait les détails, et noyait tout d’une triste et aveuglante blancheur.

Mme Ismérie survint tout à coup. Elle tenait à la main un fragment de journal illustré, froissé et déchiré, qu’elle venait de découvrir dans l’emballage d’une des caisses.

— Eh bien, s’écria-t-elle d’un ton de reproche amical, voilà M. Ludovic et Mlle Armandine qui s’ennuient. Pourtant, il faudra bien prendre votre parti, mes enfants, de ne plus courir à travers la campagne, et de vous habituer à une existence sédentaire. L’hivernage va commencer.

— Nous aurons assez de travaux pour nous occuper, dit Alban.

— En attendant, répliqua Mme Ismérie, j’ai trouvé quelque chose qui fera grand plaisir à Ludovic et à Armandine.