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ment enveloppés dans d’épaisses fourrures d’ours blancs, de phoques ou de morses, entretiennent dans leurs cabanes de glace un feu d’enfer.

— Comment s’y prennent-ils ?

— Ceux qui sont le plus rapprochés des établissements civilisés possèdent de petits poêles de fonte. Mais beaucoup se contentent de construire, avec des mottes de gazon, une sorte de cheminée rudimentaire. La fumée s’échappe comme elle peut, par un trou pratiqué dans la toiture.

— Mais que brûlent-ils ? demanda à son tour Ar-mandine. Le bois et le charbon doivent être hors de prix au milieu des banquises et des plaines de glace ?

— D’autant plus, ajouta Ludovic d’un petit air entendu, qu’à une certaine latitude toute végétation s’arrête. Bien avant le cercle polaire, il n’y a plus de forêt.

— Les Esquimaux ne sont pas difficiles en fait de combustible, répondit Alban Molifer, et ils ont plusieurs moyens de s’en procurer. D’abord, pendant l’été, ils font provision de la tourbe que l’on rencontre en abondance dans les marécages du Nord ; puis ils ont l’huile, les arêtes, les peaux et les débris de poissons. Ce mode de chauffage est d’ailleurs des plus malodorants, mais il est des plus efficaces. Aveuglés par la fumée, asphyxiés par la puanteur, les pauvres Esquimaux ne se plaignent pas tant qu’ils ont chaud ; ils se serrent, eux et leurs chiens, les uns contre les au-