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Il régnait, sur tout le plateau, un silence morne, que troublaient seulement les cris de quelque oiseau noir détachant derrière lui une minuscule avalanche de neige.

Les ruisseaux et le lac étaient recouverts d’une couche de glace déjà forte.

Les poissons devaient s’engourdir, tapis dans la boue tiède, entre les racines des glaïeuls et des autres plantes aquatiques.

Après être tombée pendant deux jours, la neige cessa subitement. L’air était d’une pureté glaciale et le décor, magiquement transformé, déroulait à l’infini des horizons de blancheurs.

Alban Molifer permit à Ludovic et à Armandine de sortir de l’aéroscaphe, et d’aller jouer dans la neige.

Les enfants poussèrent des cris de joie.

Leur plus vif désir se trouvait satisfait.

D’abord, les deux enfants s’adonnèrent tout au plaisir d’admirer les longues stalactites de glace qui pendaient aux branches des arbres, de regarder les traces triangulaires que laissaient sur la molle surface les pieds des petits oiseaux.

Puis ils résolurent de jouer à la guerre.

Alban, qui suivait les deux enfants du regard avec un bon sourire paternel, les vit dresser avec ardeur de petits retranchements.

Ils roulaient devant eux des boules de neige, et lorsqu’elles étaient devenues très grosses, ils les rapprochaient, les cimentaient, et cela finissait par former une sorte de petit mur.