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CHAPITRE III

la neige


Brusquement, la neige se mit à tomber. Ce n’était pas la neige menue et rare des climats tempérés, qui fond au souffle du premier rayon de soleil et qui n’attriste que momentanément les moineaux et les mésanges. C’était la neige épaisse et drue, aux larges flocons, presque verticale dans sa descente inlassable et lente.

En vingt-quatre heures le paysage se trouva subitement transformé.

Depuis les conifères superbes de la forêt, dont les branches aplaties s’étalaient en panache vers la terre, jusqu’aux roseaux du lac dont les sommets s’encapuchonnaient de blancheurs, tous les végétaux du plateau avaient changé d’aspect.

C’était maintenant, à l’infini, des horizons recueillis et graves où chaque arbre, sous sa carapace liliale, semblait rêver aux éclosions futures du printemps, semblait méditer sur les floraisons imprudentes de l’été.