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la prairie des yacks, et une dernière fois, prit son élan.

Il toucha terre sans aucun accident.

Mme Ismérie était encore plongée dans ses mélancoliques pensées, lorsque Alban, pâle comme un mort, les vêtements souillés de poussière, franchit le seuil métallique de la salle commune.

Dans l’état d’accablement physique où elle était, Mme Ismérie crut se trouver en présence d’une apparition d’outre-tombe.

Elle poussa un cri en détournant les yeux.

Mais, déjà Alban s’était précipité, et lui donnait, en la serrant dans ses bras, des preuves irrécusables de son existence matérielle.

L’aéronaute était exténué de faim et de fatigue.

Avant de fournir la moindre explication sur la manière quasi-miraculeuse dont il avait franchi la falaise de basalte, il engloutit une énorme tranche de rosbif de yack, et tout un saladier de framboises arctiques.

Il raconta ensuite, brièvement, ses aventures, et gagna une des couchettes.

Il y était à peine étendu qu’il s’endormait d’un sommeil de plomb, d’un de ces sommeils lourds et profonds, qui ressemblent à l’anéantissement de la mort.

Dans sa joie et dans son effarement, Mme Ismérie n’avait même pas eu la pensée de raconter à son mari la catastrophe survenue dans la caverne de sel.