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Il se mit à marcher, à grands pas, sur l’étroite plate-forme, en s’étirant les membres, pour activer la circulation du sang.

Mais, il demeura bien vite immobile, comme figé de stupeur et d’effroi, devant le spectacle qui s’offrait à ses yeux.

Dans le ciel, au-dessus de sa tête, tournait tout un vol de vautours ; et les cercles qu’ils traçaient autour de lui, allaient sans cesse en se rétrécissant. À peu de distance, il en aperçut d’autres, immobiles sur les pointes du roc, et qui lui parurent aussi funèbres que des statues de granit de monstres égyptiens aux yeux de pierres précieuses. Il se retourna ; il y en avait d’autres derrière lui.

Il était pris dans un cercle infranchissable de becs et de griffes acérés ; et les rapaces n’attendaient que sa mort pour se précipiter sur son cadavre, qu’ils avaient pour ainsi dire, flairé d’avance.

Alban se sentit froid dans les os, en songeant au sort qui l’attendait.

Il se voyait déjà déchiqueté, dépecé, avant même que d’avoir rendu le dernier soupir.

Par la pensée, il voyait son squelette blanchi, se désagréger lentement sur ce roc perdu.

Aucun des siens ne saurait jamais ce qu’il était devenu.

Alban frissonna ; mais il était de ceux chez qui un premier mouvement de crainte provoque promptement une généreuse réaction.