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Le jeune homme, affolé, ayant perdu complètement la tête, se figurait, bien à tort, que Mme Ismérie allait lui en vouloir de son inutile tentative. Honteux et brisé de fatigue, il s’était caché dans un fourré, et s’était étendu sur le sol couvert d’une longue mousse grisâtre, où un invincible sommeil ne tarda pas à s’emparer de lui.

Mme Ismérie, ne comprenant rien à la conduite de Ludovic, avait dolemment regagné l’aéroscaphe, avait couché la petite Armandine morte de fatigue.

Puis, demeurée seule, elle s’était absorbée dans une sombre rêverie.

Elle songeait à Alban ; mais elle songeait aussi à sa fille et à Ludovic.

C’était à elle qu’allait maintenant incomber le soin de les sauver tous les deux et de les ramener en Europe !

La pauvre femme, malgré son courage, n’entrevoyait même pas quels moyens elle emploierait pour y réussir…

Cependant, sur le roc glacial, où la fatigue et la faim l’avaient cloué, Alban fut tiré de son sommeil agité de rêves pénibles par le grondement sourd d’un bruit qu’il prit d’abord pour le grondement du tonnerre, ou pour la chute d’une avalanche.

En une seconde, l’aéronaute fut sur pied.

Quoiqu’il se fût enroulé dans l’enveloppe de la montgolfière, il était transi de froid.

Ses pieds et ses mains étaient ankylosés.