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cette sauterelle tient véritablement du prodige. C’est bien ce qui confirme une opinion de moi, et dont on s’est autrefois moqué. J’ai dit que, pour s’occuper de la science des insectes, il fallait être ferré en météorologie. Avec une bonne carte des vents, je vais reconstituer exactement l’itinéraire qu’a suivi ce petit animal… Et dès ce soir, sans plus tarder, je vais acheter les œuvres complètes de Bouldu. C’est véritablement le seul qui connaisse quelque chose à la météorologie.

Après avoir minutieusement noté l’emplette qu’il comptait faire, M. Lecormier porta la grande sauterelle sur une table voisine, et l’immobilisa sous l’objectif d’un microscope spécialement disposé pour les examens entomologiques. Il approcha l’œil de l’oculaire ; et les mains appuyées sur le rebord de la table, s’absorba dans l’étude de cet insecte, presque nouveau pour lui.

Mais la sauterelle asiatique offrait sans doute des particularités tout à fait remarquables, car le savant resta plus d’une demi-heure dans la même posture fatigante.

Ses sourcils s’étaient froncés, son front s’était plissé sous l’effort de l’attention.

Il y avait certainement quelque chose qu’il ne comprenait pas.

À la fin, M. Lecormier abandonna le microscope, et alla se rasseoir sur son fauteuil pour y réfléchir tout à son aise.