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peut-être la pensée humaine, n’en sont que les manifestations diverses.

Alban étendit la main vers les sommets irisés de glace.

– C’est la seule action combinée de la chaleur et du froid, dit-il, qui a entassé au-dessus de nos têtes, ces masses énormes de neige, que des siècles de travail humain n’arriveraient pas à entamer… La vapeur d’eau, cristallisée en microscopiques hexagones de glace, retourne ensuite, sous l’action de la chaleur, à l’état liquide. Les glaces éternelles des sommets sont l’inépuisable réservoir de ces cours d’eau, grâce auxquels la vie et la végétation sont possibles sur ce plateau. La force de ces cours d’eau, à son tour, mettra en mouvement une roue munie de palettes, qui actionnera une machine dynamo-électrique que j’ai déjà commencé à construire. La chaleur solaire, devenue force mécanique, aura été ainsi transmuée en électricité.

– Et cette électricité ? interrogea Ludovic, puissamment intéressé.

– J’en ferai, à mon gré, du mouvement, de la chaleur, du son, de la lumière, et même de la végétation.

– Mais, observa Ludovic, si, au lieu d’être mû par un cours d’eau, votre appareil dynamo-électrique était actionné par une machine à vapeur ?

– Cela ne changerait rien à mon explication. C’est la chaleur solaire – emmagasinée par les végétaux géants de l’époque antédiluvienne, lentement carbonisés dans les couches profondes du