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d’herbages tirés à grand-peine de dessous la neige, au bord du lac.

Maintenant, chaque fois qu’ils voyaient Alban ou Ludovic, ils s’approchaient en mugissant et regardaient pitoyablement les deux hommes, de leurs gros yeux suppliants.

Il eût été certainement très facile, alors, de les prendre vivants.

Alban en avait eu bien des fois l’idée ; mais il l’avait rejetée, comme devant causer une perte de temps inutile, et donner un surcroît de travail.

— Ces animaux, se disait-il, sont habitués à hiverner, et ne périront pas pour avoir un peu pâti. Ils en seront quittes pour brouter deux ou trois fois plus, quand les prés auront reverdi.

Ludovic ne partageait pas entièrement cet avis ; et il s’était habitué à déposer, tous les jours, à la même place, quelques poignées d’herbe que venait prendre un tout jeune yack.

— Si vous le permettez, dit un jour Ludovic à Alban, je m’emparerai de ce petit yack – cela ne sera pas difficile – et il distraira peut-être Armandine.

Alban ne vit aucune difficulté à accorder à Ludovic ce qu’il demandait ; et le jour même, le jeune yack, habilement circonvenu, grâce à quelques poignées d’herbe fraîche mêlée de sel, se laissa mettre la corde au cou, et fut emmené, sans résistance, jusqu’à l’aéroscaphe.

Le jeune yack devint très vite fort sociable.