Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

heure, à se rendre compte de ses sensations et à les analyser, perçut d’abord le crissement de souliers ferrés sur la tôle d’aluminium de la plate-forme ; puis un murmure de jurons étouffés, et enfin le grincement d’une lime mordant le métal.

Puis, de nouveau, les pas lourds résonnèrent ; et tout rentra dans le silence.

Ludovic, glacé de peur dans son coin, se demandait avec angoisse, qui pouvait bien être venu travailler ainsi aux ailes de l’aéroscaphe, en pleine nuit, alors que tout devait être prêt.

– Peut-être, songea-t-il, Alban a-t-il eu, au dernier moment, l’idée d’un perfectionnement, d’une simplification… Mais non, c’est impossible. Alban est épuisé de fatigue ; et, d’ailleurs, les organes de l’aéroscaphe sont d’une construction trop délicate pour pouvoir être ainsi modifiés, en quelques instants, par quelques coups de lime – car c’est bien le bruit d’une lime que j’ai entendu… Mais si c’était un malfaiteur, un ennemi !… M. Bouldu ?… Jonathan, peut-être ! Ah ! si j’en étais sûr, je me lèverais et j’irais avertir mon père… Mais oui, ce doit être certainement Jonathan ! Je vais avouer mon escapade et tout raconter. Il le faut !

Ludovic, dont les nerfs étaient déjà très tendus par les émotions de cette nuit, fit un brusque mouvement pour sortir de dessous la couchette sous laquelle il était blotti.