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Au moment où le professeur franchissait, d’un pas saccadé, le vestibule, dont la mosaïque représentait une rose des vents exécutée en marbre, de huit couleurs différentes, il s’entendit appeler par la voix joyeuse et fraîche de son fils Yvon.

– Eh bien, papa, où vas-tu ?… Et le déjeuner ?… Marthe, la bonne, a déjà sonné une fois.

Le docteur se radoucit visiblement, à la vue de son fils, un bel adolescent au regard limpide de franchise, au front intelligent ; et ce fut d’une voix d’où était bannie toute trace de mécontentement, qu’il répondit :

– Marthe attendra… Tu déjeuneras seul, ce matin… Je vais à côté, chez le docteur Rabican, pour une démarche très importante.

– Je vois, papa, que tu es encore en colère. Surtout ne te fâche pas avec les Rabican, j’en serais très peiné.

– Je vais faire mon possible. Au revoir…

M. Bouldu, pour éviter une explication embarrassante, ferma la porte de la rue ; et toujours du même pas saccadé, se dirigea vers la grille de l’institut Rabican.

Le docteur prenait le café dans son cabinet, en consultant une pile volumineuse de revues scientifiques, lorsqu’on lui annonça la visite du professeur Bouldu.

– Diable ! se dit le docteur, nous allons avoir une explication violente, ou je me trompe fort… Ce pauvre Théodore n’a jamais pu se guérir de ses violences de caractère.