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hélice creux, chargé de larges éventails métalliques, qu’un ingénieux système fait se mouvoir automatiquement. En quelques minutes, dans le plus vaste hall de construction, sur la place publique la plus encombrée de foule, au cœur de l’été, le ventilateur, en dégageant, à flots, un air pur et presque glacé, fait succéder la fraîcheur de la brise marine ou du sommet des montagnes, à l’atmosphère la plus viciée et la plus malodorante.

Le professeur eût eu grand besoin, en ce moment, de son bienfaisant appareil de ventilation.

Depuis la nouvelle que venait de lui apporter Jonathan, il était dans une violente colère. Il piétinait sur sa chaise, donnait des coups de poing sur son bureau, grinçait des dents et faisait mine de s’arracher les cheveux. La flamme d’une fureur sauvage passait dans ses yeux d’un bleu glauque, de la couleur de la mer, comme ceux de la plupart des Armoricains.

Jonathan, cependant habitué aux emportements de son maître, et qui, d’ordinaire, en riait sous cape, ne l’avait jamais vu dans un tel état d’exaspération. Le professeur, heureusement, se calmait aussi vite qu’il se mettait en colère.

Au bout de quelques minutes, il avait reconquis tout son sang-froid. Mais on voyait qu’il faisait de grands efforts pour se contenir. Ce fut d’une voix sèche et cassante qu’il dit à Jonathan :

– Toi, reste là. Tu vas me prendre la moyenne de la pression barométrique à Paris, hier et avant-hier. Je rentrerai dans une demi-heure.