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Quand Alban entra, Mme Molifer achevait de mettre le couvert, tandis que sa fille Armandine, armée d’un pinceau et de plusieurs godets à encre de Chine, achevait de colorier, en teintes plates, une épure de vaste dimension.

— Vous savez, cria joyeusement Alban dès le seuil de la porte, que j’ai les signatures… Le docteur a la foi !… Il m’ouvre un crédit presque illimité !… Enfin, je touche donc au succès ! Dans quelques jours, la Princesse des Airs nous enlèvera tous les trois dans les airs, pour la confusion des envieux et le plus grand triomphe de la science.

Armandine, une maigriote fillette qui gardait, de sa prime enfance, passée dans les baraques foraines, quelque chose d’étrange et d’un peu sauvage, sauta au cou de son père si brusquement, qu’elle renversa un des godets d’encre de Chine.

— Sois donc raisonnable, lui dit sa mère. Tu as failli gâter l’épure du grand moteur… Ne sois pas si folle… On dirait que tu apprends quelque événement inattendu… Moi, j’étais sûre que le docteur nous tirerait d’embarras. Il est trop bon, il aime trop la science pour ne pas s’être enthousiasmé pour les découvertes de ton père.

— Oh ! s’écria Alban, dans un élan de reconnaissance enthousiaste, le docteur m’a sauvé deux fois !… Malgré la certitude que j’ai de réussir, je tremble qu’un accident quelconque ne se produise au dernier moment… Les capitaux qu’il