Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée

sais maintenant ce que c’est qu’une haine de savant.

— Prenez-y garde, Alban. Ce sont les plus terribles… Prenez-y garde.

Et le docteur répéta encore son avertissement, en reconduisant, jusqu’à la porte, le futur capitaine de la Princesse des Airs, qui avait soigneusement serré, dans son portefeuille, les contrats, maintenant revêtus de la signature de son généreux commanditaire.

Alban franchit la grille dorée de l’institut Rabican.

Un personnage, qui se tenait caché dans l’enfoncement formé par deux maisons voisines, se dissimula vivement pour n’être pas aperçu de lui.

Quand l’aéronaute eut fait une centaine de pas, l’espion sortit de sa cachette, et se mit à le suivre, à distance, en ayant soin d’utiliser les angles propices des maisons en retrait, les tournants de rues, les voitures, pour dissimuler sa marche à celui qu’il « filait ».

L’inconnu, d’un âge indécis, et d’une forte corpulence, était reconnaissable à ses moustaches rasées, à sa barbiche taillée en pinceau, pour un citoyen de la libre Amérique. Son teint, rougi par l’abus des boissons alcooliques, son profil anguleux et dur, la ruse et l’hypocrisie que reflétaient ses prunelles métalliques et froides, étaient loin de lui conférer une physionomie sympathique. Il était coiffé d’un chapeau haut