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de poing, une molaire jusque-là rebelle au davier de tous les dentistes.

— Mais pourquoi M. Van der Schoppen est-il venu en France ?… Papa m’a dit qu’il avait été directeur d’un hôpital en Allemagne…

— C’est exact. Le docteur est un grand savant, quand il se contente d’écrire des livres et qu’il n’opère pas lui-même… Il a perdu sa place de directeur d’un hôpital militaire pour avoir ordonné, aux malades de toute une salle, le massage nasal et réciproque.

— Le massage nasal ?

— Oui. Admettons que nous soyons malades tous les deux… vous m’appliquez un coup de poing sur le nez, je vous en applique un autre ; et cela dure comme ça jusqu’à ce que nous soyons complètement guéris.

— Mais si je suis le moins fort ?

— Alors, je vous aplatis le nez, je vous brise les dents et je vous poche les yeux… C’est ce qui est arrivé à l’hôpital du docteur. Les malades les plus vigoureux ont rossé les autres. Il en est résulté une bagarre épouvantable ; et le scandale a été si grand que le docteur a été destitué…

— C’est sans doute pour cela que les huit petits Van der Schoppen, depuis Karl, l’aîné, qui a deux ans de plus que moi, jusqu’au jeune Ludwig, qui commence à épeler ses lettres, sont toujours déchirés, couverts de bleus et d’écorchures, et passent toute la journée à se battre avec leurs condisciples.