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Alban fut le premier qui rompit le silence.

Il éprouvait le besoin d’épancher le torrent de pensées et de sentiments dont son esprit débordait.

– Vous faites-vous une idée, s’écria-t-il, de ce qu’est l’atmosphère, cet immense océan de forces et de vies qui nous entoure, dans lequel nous sommes baignés, grâce auquel, sur la terre, subsistent tous les êtres animés, grâce auquel notre globe n’est pas un astre défunt comme son satellite la Lune, cette planète sépulcrale et glacée jetée dans l’infini comme un cimetière astral. C’est l’atmosphère qui permet à la terre de retenir et de garder la chaleur du soleil. C’est d’elle que dépend l’existence de toute créature. De leurs branchies, au fond de l’Océan, les poissons absorbent l’oxygène en dissolution dans l’eau, et peuvent chasser de leur sang l’acide carbonique qui les asphyxierait. L’homme meurt s’il est privé d’air pendant un court laps de temps ; les oiseaux et les insectes en sont tellement saturé que l’air pénètre jusque dans l’intérieur de leurs os, jusque dans les plumes de leurs ailes, jusque dans les plus délicates nervures de tout leur être. L’atmosphère est une mer sans limites dont les flots submergent jusqu’aux plus hauts sommets de notre globe, et qui a ses courants, ses tourbillons et ses cataclysmes, aussi bien que les océans terrestres. Elle tient en suspension des animalcules d’une variété infinie ; elle charrie même les cadavres pétrifiés d’animaux micros-