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L’émotion, que lui procurait le grand fait scientifique qui allait s’accomplir, l’avait tenu, de bonne heure, en éveil.

Il était sûr du succès, mais il ne s’en réjouissait pas au point de vue de la gloire qui pourrait lui en revenir.

Le docteur n’avait aucune vanité : ses sentiments étaient plus généreux et plus larges.

Il se réjouissait seulement de voir l’intelligence humaine franchir un pas de plus vers la connaissance du vrai ; il espérait que la conquête et l’étude des régions atmosphériques, des immenses plaines d’air pur qui s’étendent à quelques centaines de mètres au-dessus de nous, créeraient de nouvelles conditions hygiéniques, permettraient de guérir certaines maladies et de reculer un peu plus, pour les hommes, le domaine de la mort.

– Il n’y a pas d’aéronaute phtisique, réfléchissait-il. L’air dénué de microbes, et plus oxygéné, des régions supérieures, active la circulation, excite l’appétit, et par conséquent favorise la suralimentation, seul remède à la tuberculose. Certaines espèces de folie, la neurasthénie, les migraines, l’épuisement ne tiendraient pas huit jours de suite contre l’air vivifiant et glacé que l’on respire aux grandes altitudes. Même, les expériences de l’allemand Charwell ont prouvé que les plaies et les blessures se cicatrisent mieux au-dessus de la région des nuages que dans la salle d’opération la mieux antiseptisée… À