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les algonquins

droit, un coup de pied de Michabou. Voici en deux mots l’histoire : c’était dans une assemblée présidée par ce dieu et pendant laquelle tous les yeux devaient rester fermés. L’oiseau osa ouvrir un œil et fut à l’instant puni de sa témérité.[1]

Les vieux conteurs algonquins, éclairés par les reflets magiques des feux de wigwam, sollicités par un cercle de figures ingénues et d’esprits crédules, tirent de leur inépuisable répertoire, les fables les plus délicieuses comme aussi les plus extravagantes.

Trois frères, voyageant en canot, sont enlevés au ciel et deviennent un groupe d’étoiles. Un renard, un lynx, un lièvre et plusieurs autres animaux, ne sont pas moins fortunés. Un orignal qui n’est pas prévenu d’une telle faveur, a cependant la gloire d’escalader le firmament en broutant le long de l’arc-en-ciel.

Si le calumet de paix, ce caducée de l’Amérique, n’a pas son manitou, ce dont on peut douter, les Illinois, pour ne parler que de leur tribu, le voient tout auréolé de poésie. Ils l’ornent, lui mettent des ailes et souvent des cheveux. Il le fêtent par une danse spéciale et un chant que Marquette a eu l’excellente idée de noter. C’est un hymne sauvage, caractérisé par des intervalles immenses, dans le goût des âmes

  1. Michabou, Missou ou Messou, Manabozho ou Nenabojo et Wisakedjak, sont des noms que les diverses tribus donnent au même personnage. Michabou veut dire Grand-Lièvre.