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hommes-qui-disparaissent, sont les génies des montagnes. Ils ont pour ancêtre un nain dont la jeune sœur allait devenir l’étoile du matin. Les deux enfants, orphelins de bonne heure et instruits par les manitous de leurs extraordinaires destinées, durent se séparer ; mais ils se promirent mutuellement de ne jamais s’oublier et de se saluer à l’heure de l’aurore.

Le vent d’ouest transporta la jeune vierge au ciel d’orient, et depuis lors, à chaque point du jour, c’est elle qui peint l’aube et décore les nuages. Comme pour être plus en vue de sa sœur, Poukouaginin habita les montagnes. Sa race aux pieds légers, naine comme lui, y court sur les plus hauts sommets, et, fidèle à la promesse ancestrale, ne manque pas de saluer gaîment tous les matins, la messagère de l’aurore.[1]

Le père des Imakinacs est tombé de l’étoile du soir où habitent encore ses antiques parents enlevés jadis à la terre par le dieu de cet astre et désormais immortels. Il lui poussa, comme il tombait, des espèces d’ailes ; le rocher de Michillimakinac le reçut sain et sauf et porta depuis son nom précédé d’une épithète qui veut dire multitude et fait allusion à sa nombreuse postérité. C’est là qu’habi-

  1. Voir Schoolcraft : « Algie Res. », Vol. II, p. 85 ; l’abbé Cuoq : « Lexique Iroquois », p. 175 ; en note : et Heriot : « Travels in Canada », p. 185,