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des Algonquins pour deviner que leur folk-lore doit tirer ses machines poétiques surtout de l’intervention des esprits qu’ils mêlent à toute la nature. Celle-ci est leur autre amour. Ils l’aiment tant, qu’ils préfèrent mourir misérables sur son sein, à vivre dans notre opulente servitude. Nos commodités domestiques et nos villes tirées au cordeau, ne sauraient leur faire oublier leur dure liberté, leurs cabanes portatives et l’imprévu des forêts vierges. Aux envolées d’une fanfare, aux mélodies d’un orchestre, ils préfèrent la grande musique de la nature : le chant des oiseaux, les voix d’insectes, de wawarons et de grenouilles ; le hurlement des fauves, le gémissement des flots et les plaintes du vent : le concert divin de tout ce qui chante ou soupire, crie ou murmure sous la voûte bleue ou noire, nuageuse ou étoilée, et dans les insondables forêts. Et comme si, de ces deux profondeurs, il ne sortait pas assez de voix, ils les ont peuplées d’innombrables esprits.

Laissons ici, la parole à un Algonquin[1] :

« Les Sauteux croient à un Esprit suprême et bon, aussi bien qu’à un Mauvais-Génie. »

« Ils reconnaissent aussi d’innombrables divinités, parmi lesquelles, le dieu de la guerre, celui de la chasse, celui de l’air et des oiseaux. »

« Les cieux sont remplis de génies, objets de leur

  1. Kahgegagahbowh : « Ojibway Nation » p. 147 et suiv.