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passait loin de chez eux.»[1] Ce fait justifie l’attitude des missionnaires.

C’est en 1850 seulement que le monde civilisé apprend d’un chef Sauteux devenu lettré, que les Algonquins de l’Ouest ont des archives sacrées. Ajoutons cependant, pour mettre les choses au point, qu’un petit nombre seulement de chefs et de vieillards, en connaissent l’existence et qu’il leur est défendu d’en parler. Voici, en résumé, ce que dit sur le sujet Kahgegagahbowh, l’historien des Sauteux :

La plupart des nations de l’Ouest déposent en lieux secrets des registres qui remontent, dit-on, aux origines de leur culte. Les Sauteux en ont, près du lac Supérieur, trois dépôts dont dix gardiens choisis parmi les plus sages et les plus vénérables de la nation, habitent le voisinage. Les vides que la mort fait parmi eux se comblent tous les dix ans, intervalle au bout duquel les caches doivent s’ouvrir. On visite alors les précieuses archives et l’on donne aux nouveaux gardiens les instructions nécessaires. On remplace en même temps, par des copies exactes, les pictographies oblitérées, et l’on remet le tout dans le même état. Enfin les registres hors d’usage sont partagés en morceaux que l’on distribue aux sages, comme autant de talismans.

Ces traditions écrites en symboles sur de l’ardoise, du cuivre, du plomb ou de l’écorce de bouleau, sont

  1. « Voy. dans l’Amer. Sep. », p. 3.