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les algonquins

maintenant vous pensez que je veuille tourner mes armes contre vous ! »

« Non, mes Frères, je suis le même Pontiac français qui vous assista il y a dix-sept ans. Je suis français et je veux mourir tel. Je vous le répète : vous et moi, nous ne sommes qu’un. »[1]

L’argumentation continue ainsi, forte et éloquente. Mais le généralissime des conjurés plane un peu solitaire au ciel de l’éloquence algonquine. Une harangue de Minavana, chef sauteux et l’un de ses lieutenants, nous fournit la matière pour une intéressante comparaison.

L’orateur s’adresse à Henry, espion anglais déguisé en traiteur, et c’est au moment de la fameuse conspiration.

« Anglais, c’est à toi que je parle. »

« Anglais tu sais : le Grand Ononthio est notre père. Il nous a promis de l’être, et en retour, nous lui avons promis d’être ses enfants. Nous lui tenons parole. »

« Anglais, c’est toi qui as fait la guerre à notre père : tu es son ennemi ; comment donc as-tu osé venir au milieu de ses enfants ? »

« Anglais, nous savons que notre père est vieux et infirme ; qu’étant fatigué de faire la guerre à ta na-

  1. Parkman, « Conspiracy of Pontiac, » vol. 1, p. 262-263. Voici ce qu’il dit à propos de ce discours : « L’auteur qui a rapporté ce discours se caractérise surtout par le soin scrupuleux qu’il a mis à relater des détails minutieux, sans intérêt ni importance. »