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d’unification plutôt que leur cruauté, car d’ordinaire ils ne se montrent féroces qu’avec leurs vrais ennemis ; comme les Algonquins, ils se permettent tout à leur égard, même de les manger. Ils brûlent leurs prisonniers en l’honneur d’Areskouï, le dieu de la guerre ; lui demandent pardon de n’avoir pas dépecé certains captifs et lui promettent de mieux faire afin de le calmer[1].

Ils ne sont pourtant pas insensibles et trouvent digne de compassion celui qu’ils condamnent au bûcher. Plusieurs, surtout des femmes, n’ont pas le courage d’assister à son supplice.[2]

Le P. Bressani, longuement torturé par eux, est d’ordinaire exaucé, s’il demande du soulagement en l’absence de tout témoin ; tandis que les prisonniers hurons et algonquins, au lieu de le consoler, sont les premiers à le faire souffrir, afin de plaire aux Iroquois.[3]

Il y a donc, en cette cruauté, de la coutume et de l’entraînement, de la politique et même de la religion. Au reste, la cruauté est, entre les tribus barbares, le meilleur moyen de se faire redouter et par suite respecter. Il faut l’employer sans faiblesse ou voir ses voisins devenir plus intraitables. Dans

  1. « Relation de Bressani », pp. 232, 233. Il cite le P. Jogues.
  2. Lafitau : « Mœurs des Sauvages », tom. IV, p. 15
  3. Fait cité par Rouvier : « Au pays des Hurons », pp. 148, 159.