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en mocassins

ÉLOQUENCE.

La dispersion hibernale des familles, la petitesse des tribus, la rudimentaire simplicité du gouvernement comme aussi bien l’absence de préoccupations diplomatiques, empêchent la plupart des Algonquins de cultiver l’art oratoire. Leur race a néanmoins produit quelques hommes remarquables par l’intelligence, et Pontiac est peut-être l’esprit le plus génial qui ait vu le jour dans un wigwam.

Lorsque le Canada fut cédé à l’Angleterre, il refusa de se soumettre à la domination nouvelle, et entraîna dans son parti toutes les tribus algiques et même huronnes et iroquoises dispersées dans le bassin des Grands Lacs.

Afin d’appuyer sa cause, il racontait une révélation qu’un phophète lenni-lenape avait reçue du Maître de la vie. Quelques phrases de cet oracle vont mettre en évidence la moralité et la mentalité indiennes à cette époque, car le succès de Pontiac a montré qu’il avait su pénétrer l’âme de ses frères.

Le prophète, guidé par un rêve, arrive au pied d’une montagne blanche sur laquelle se tient assise une femme vêtue de blanc et d’une céleste beauté. Sur son ordre, il se dépouille de ses vêtements, se purifie dans un ruisseau et escalade la montagne, en ne s’aidant que de la main et du pied gauches. Il atteint le sommet. Là, un bel homme vêtu de blanc le con-