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les algonquins

leur apportent en retour, du tabac, le maïs qu’ils obtiennent des Hurons, certaines plantes médecinales dont les plages glacées sont dépourvues, et tout particulièrement, ces jolis coquillages bleus, violets, blancs et roses, des mers du sud, que les Andastes recueillent et qu’ils excellent à tailler en polyèdres.

Toutes les tribus achètent de cette porcelaine, pour en faire des colliers, des registres et des gages de traités, pour en fabriquer des matachias, en orner des nâganes ou s’en servir en guise de monnaie.

Aussi, dès l’arrivée des Français, les Nipissings qui habitent l’Outaouais supérieur et les bords du lac qui porte leur nom, sont-ils les premiers à se faire commerçants. Avec les Français ils échangent leurs pelleteries pour du fer, du vermillon, des couteaux, des haches, des alênes, des chaudières et autres marchandises dont ils fournissent à leur tour les nations situées plus loin. Habiles à profiter de tout, ils prient même les tribus voisines de descendre avec eux chez les Français, pourvu toutefois qu’elles leur payent des droits de péage en passant sur leurs terres.[1] Ils se créent ainsi une source considérable et peu coûteuse de revenu, car bientôt, toutes les tribus voisines des Hurons se mettent à trafiquer[2], et l’Outaouais prend le nom de Mahamoucébé qui veut dire Rivière-du-Commerce.

  1. De la Potherie : t. II, c. VII.
  2. Sagard : « Hist. du Can. », p. 396.