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les algonquins

aborder précisément à l’endroit où ils avaient projeté de prendre terre. »[1]

Leur finesse d’observation s’étend même jusqu’à la psychologie. On le voit par le conseil si pratique qu’ils donnent au P. Jogues partant en ambassade chez les Agniers : « Ne parle point d’abord de la prière, lui disent-ils, car il n’y a rien de si rebutant, au commencement, que les paroles de la prière qui semblent détruire tout ce que l’homme a de plus cher ; et comme ta longue robe noire prêche aussi bien que ta bouche, prends un habit semblable à celui des autres Français. »[2]

Cependant, moins sages que fins et adroits, ils ne discutent que les questions d’un intérêt immédiat, sans jamais remonter vers les causes ni prévoir de loin les conséquences. D’esprit léger et primesautier, ils ne s’appesantissent sur aucun sujet. Chez toutes leurs tribus se retrouve plus ou moins cette vivacité que Charlevoix attribue à la plus importante et probablement la plus purement algonquine de leurs familles, celle des Cris : « On les voit toujours dansant et chantant, dit-il, et ils parlent avec une volubilité de langue et une précipitation qu’on n’a remarquées dans aucune autre nation sauvage. »[3]

  1. « Journal d’un voyage dans l’Amer. Sep. », p. 304.
  2. Citation empruntée à Ferland.
  3. « Voy. dans l’Amer. Sep. », p. 184.