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les algonquins

nes, et cent guerriers, le tomahawk au poing, se lancent à sa poursuite.

Mais Piescaret, le meilleur coureur connu, les défie de le rejoindre. Sachant bien qu’ils tiendront à le prendre vivant, afin de le torturer à leur goût, il se laisse approcher, et lorsque les plus agiles pensent déjà le tenir, il leur échappe par des bonds de cerf et disparaît. De nouveau il se montre, les attire à lui et leur échappe encore…

Tous sont convaincus qu’il fuit de son mieux ; pas un ne flaire un stratagème, et c’en est un.

Ils se croient toujours sur le point de saisir le fuyard, s’acharnent à le poursuivre, s’éloignent ainsi du village et l’heure fuit… Une dernière fois, ils le perdent de vue…

La fatigue et l’heure avancée arrêtent la poursuite, mais rendent aussi bien le retour par trop difficile, et les Iroquois campent pour la nuit. Ils se couchent même sans inquiétude, croyant l’ennemi trop heureux de s’éloigner enfin sans danger, à la faveur des ténèbres.

Du creux du vieil arbre où il s’est caché, Piescaret les observe. Lorsqu’il les voit tous endormis, il sort de sa retraite, joue encore du casse-tête, a le temps d’en tuer plusieurs, tandis que les autres se réveillent et l’obligent à déguerpir. Alors, triomphant et sans oublier son trophée de chevelures, il reprend le chemin de son île.