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en mocassins

aient un tribut qu’un vieillard déguenillé venait recueillir. Celui-ci, sans autres gardes que la terreur inspirée par sa qualité d’Iroquois, parcourait en sécurité les villages. On croyait voir toute la nation dans un seul de ses guerriers : « J’ai connu, dit Colden, des vieillards témoins jadis des guerres entre les Mohawks[1] et les autres Indiens de la Nouvelle-Angleterre. Aussitôt, disaient-ils, qu’un Mohawk avait été vu dans le pays, les tribus se criaient de colline en colline : Un Mohawk ! Un Mohawk ! et tous fuyaient comme des moutons poursuivis par des loups. »[2]

Malgré cela, les Iroquois n’ont rien appris aux Algonquins dans l’art de torturer : ils ont seulement mieux fait leur renommée en se tenant toujours et partout en évidence.

Dès l’époque de la découverte, ils ne cessent de machiner en vue d’une surprise ou d’un massacre. Ils font au loin des guerres audacieuses et continuelles ; ils vont lever des scalpes aux quatre points cardinaux et les portent suspendus à leurs ceintures. Ils se font une gloire d’être le cauchemar de tous. On parle d’eux dans la plupart des conseils ; on se les représente avec raison comme des ambitieux avides de dominer, sans souci du droit des gens, toujours prêts à rompre sans motif sérieux un traité

  1. Les Français les appelaient Agniers.
  2. « Hist. of the Five Nations », Introduction, p. XVIII.