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premier coup, les avantages d’un commerce avec les Blancs. Mais, par préjugé, ils se préfèrent à ceux-ci et méprisent leurs arts dont ils se contentent de recueillir les fruits.

Leur manque absolu d’organisation et l’impossibilité d’en avoir pour des peuples nomades isolés par petites bandes ; leur crainte des Iroquois ; les bons traitements reçus de Champlain, de ses successeurs et des missionnaires, font bientôt de tous les Algonquins des alliés fidèles et même affectueux des Français. Mais ils restent vagabonds et ne semblent pas comprendre l’avantage d’un état social plus parfait que la tribu.

Chasseurs et donc destructeurs, il leur faut pour subsister d’immenses étendues de pays, ce qui les voue à l’isolement, à la misère et même à la routine. Dispersés dans les bois la plus grande partie de l’année, ils ne jouissent qu’en été de la vie sociale. Ils le passent en général au bord de quelque grand lac, à faire la pêche, à cueillir des fruits sauvages, à jouer et à danser.

De bonne heure à l’automne, ils reprennent la clef des bois. Chaque famille prend son côté et va à la recherche d’un endroit giboyeux, où le gibier peut tout de même manquer et manque assez souvent. Si elle ne voyage pas par eau, elle s’aventure à travers les bois. Alors le père marche le premier, et, chemin faisant, coupe à droite et à gauche de pe-