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les hurons-iroquois

Leurs narrés qui ne sont pas historiques ou mythologiques ont d’ordinaire un but moral manifeste. Les fauves y donnent souvent aux hommes des leçons de pitié ; les ourses, à l’instar de la louve romaine, y nourrissent de leur lait des enfants abandonnés. L’un de ceux-ci, devenu homme, tue, pour plaire à sa belle-mère, un parent de sa bienfaitrice et paie de sa vie son ingratitude.

Un jeune garçon rend service à un squelette, lequel l’aide ensuite à accomplir des exploits.

Quelques sujets qu’ils traitent, on peut dire que, dans l’ensemble, ils sont fidèles à leur goût pour ce qui donne le frisson. Ici, c’est la Grande-Tête dévorant à belles dents une criminelle sorcière et s’envolant ensuite au sein d’un noir tourbillon ; là, c’est une mère qui trouve avec effroi son enfant suspendu à la mamelle d’une Géante de pierre. Je résume un modèle du genre : Un mari pleure amèrement son épouse. Pour se consoler, il met les habits de la défunte à une statue de bois qu’il place près du foyer, dans sa cabane solitaire.

Un an s’est écoulé pendant lequel il a vécu en compagnie de l’image inanimée lorsqu’un soir, revenant de la chasse, il trouve son logis balayé, du bois près du feu, son repas tout préparé.

Le fait se renouvelle. Il se cache donc afin de découvrir sa bienfaitrice : c’est la statue qui s’anime et se change en sa femme elle-même. Il se montre ;