Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
les hurons-iroquois

Mais le dévoué fondateur et ses pairs avaient besoin des Onnontagués et savaient que leur terrible chef ne consentirait jamais à avoir des égaux ; en conséquence, ils jugèrent sage de lui offrir, dans la Confédération, la dignité suprême, d’accorder à sa tribu quatorze sénateurs au lieu de dix comme on fit aux autres, de déclarer Onnontagué chef-lieu et d’y élever la cabane du Grand Conseil.

Les Cinq Nations, surtout les Agniers, n’oublièrent pas plus le bienfaisant Hiawatha que le redoutable Attotarho, et autour de leurs noms se forma, en deux cycles merveilleux, le plus riche fond du folklore iroquois.[1]

Il est du reste à remarquer que ces barbares font, au coin du feu, peu de récits dont les sujets ne se rapportent à leur genèse ou aux époques tourmentées de leurs histoire. Ils aiment à s’édifier un passé merveilleux, à grandir leurs ancêtres, à revendiquer pour leur Ligue une origine céleste, et à se créer une sauvage noblesse à laquelle il leur serait honteux de déroger.

À l’instar des Grecs, ils font entrer les dieux dans leurs intérêts. L’Écho ne répond qu’à leur voix, ne répète que leur cri de guerre et le multiplie aux

  1. Les Algonquins incorporés par la Ligue ont mêlé leurs légendes à celles de leurs conquérants. Voilà pourquoi, au milieu du siècle dernier Schoolcraft recueillait, chez les descendants des Confédérés, les souvenirs d’Hiawatha mêlés à ceux de Manabozho ; et y trouvait Atahocan installé maître du ciel à la place de Taronhiawagon.