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les hurons-iroquois

vrir ses veines et à boire le sang de la vengeance. »[1]

Après tant d’occupations sérieuses, les esprits sentaient le besoin de se détendre et, comme les sauvages ne font rien à demi, les Hurons-Iroquois célébraient chaque année une fête peu banale qu’ils nommaient le « Renversement de la tête ». Elle durait trois ou quatre semaines pendant lesquelles on feignait la frénésie. On courait de cabane en cabane, masqué avec des écorces ou la tête dans un sac percé devant les yeux et la bouche. On se composait des costumes extraordinairement bizarres, on brisait et renversait tout. Plusieurs criaient qu’ils avaient rêvé, et cherchaient qui pourrait, à leur accoutrement et à leurs mots énigmatiques, découvrir l’objet de leur songe ; et comme pour pousser aux extrêmes l’absurdité, celui qui devinait devait encore payer sa perspicacité en faisant au songeur un présent. Enfin, dans une dernière folie, on chassait la folie hors du village.[2]

MYTHOLOGIE ET FOLK-LORE.

Nous avons vu le guerrier, l’orateur, le diplomate et le citoyen, il reste à voir le créateur de légendes, ces produits spontanés de l’âme populaire.

Étant donné leur tempérament fier et hardi, on

  1. Garneau : « Hist. du Can. », t. I, p. 228.
  2. Voir Lafitau : « Mœurs des Sauvages », t. II, p. 78.