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tres peuples de même race les avaient eues, puisque Cartier en vit chez les Hochelagas[1] ; mais ils les avaient perdues ou abolies peu à peu.

Cet attachement aux institutions ressort surtout de la grande réunion de condoléance que tenaient les Confédérés, lorsque, après la mort d’un chef, ils installaient son successeur.

À la vérité, des lamentations publiques se célébraient aussi, en pareilles circonstances, chez les Hurons et même chez les Algonquins[2] ; il est toutefois certain que la Ligue fit prendre à cette coutume une importance nouvelle, qu’elle la rendit obligatoire et l’enrichit, dans un but spécial, de discours et de chants nouveaux.

Au village dont le chef était mort, s’assemblaient les délégués des tribus, et leur réception solennelle à l’orée du bois, faisait déjà pressentir un événement de haute importance. Il suffit en effet de lire le livre[3]M. H. Haie a recueilli ces curieuses rapsodies et le cérémonial usité, pour voir que d’une telle réunion, l’esprit de la Ligue sortait renouvelé, le patriotisme retrempé, et les liens raffermis entre les clans et entre les familles.

On y invoquait les ancêtres, on rappelait leur sou-

  1. Lafitau cite à ce sujet la « Relation de J. Cartier, » dans le recueil de Remusius, t. 3.
  2. Voir le chant de l’Ahiahi, dans « Anotc Kekon » par l’abbé J.-A, Cuoq.
  3. « Book of Rites ».