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en mocassins

quois différaient beaucoup des Algonquins, et l’étude qui va suivre essaie de le montrer. Sans prétendre combler toute une vaste lacune, elle tend à mettre en relief les caractères propres à chacune de ces deux races.

Ignorant leurs idiomes, je n’exploite que des traductions nécessairement très imparfaites, analogues peut-être aux grossières imitations de mocassins que chaussent nos habitants. Car, si l’on en croit les philologues, ces langues, entièrement faites de formes verbales aux mille nuances, se prêtent si naturellement à la métaphore, à la prosopopée, à la vive peinture, qu’elles semblent courir dans un dédale mythologique, légères comme des manitous, en souple mocassins brodés.

C’est à la suite des Sagard, des La Potherie, des Lafitau, de tous nos anciens chroniqueurs et de collectionneurs plus récents, que j’ose m’aventurer dans la forêt vierge de l’âme sauvage. Je m’attends à y trouver beaucoup d’ombre, un désordre grandiose, des échappées de vue aussi vers l’azur ; et je n’avouerai pas que c’est tant pis, les silhouettes douteuses ayant aussi leur charme.

Je ferai néanmoins un aveu : celui que m’imposent les essais poétiques et littéraires dont je fais suivre ma modeste étude, celui d’avoir puisé à des sources précieuses, abondantes, avec une coupe trop petite.