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les hurons-iroquois

En art véritable, elle savait s’élever au-dessus des banalités en vogue et dont on trouve les principales éparses dans le « Book of Rites ». Celles-ci étaient la propriété commune de toutes nos races d’aborigènes. — Enterrer ou déterrer la hache de guerre — allumer le feu du conseil — donner des présents pour essuyer le sang des victimes ou pour couvrir les os des morts — saisir la chaîne de l’amitié — étaient des métaphores si bien comprises partout qu’on ne pouvait, pour ainsi dire, s’en passer. On ne manquait jamais non plus — d’ouvrir les oreilles de son auditoire — de vider les cœurs de tout mécontentement et de toute tristesse — de nettoyer les sièges dans la cabane du conseil — de laver les têtes et de rafraîchir ainsi les esprits — de faire la route sans épines aux ambassadeurs — d’écarter le nuage noir de la guerre — d’ouvrir entre deux nations le sentier de la paix.

Après avoir ainsi sacrifié à la coutume et aux goûts du vulgaire, les orateurs de talent savaient se renouveler et traiter leur sujet d’une façon personnelle et appropriée. Toujours cependant, ils restèrent loin du compassement et de la complication caractéristiques d’un art aidé de l’écriture. Leurs plus belles phrases, toujours éloignées de l’enflure et de la subtilité, sont d’une simplicité dorique et ne comportent, pour ainsi dire, que des ornements inhérents à la langue. Tout l’effet en tient à la sin-