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cogomis

Fuyez, maudits, ma vieillesse,
Mes yeux morts, mes cheveux blancs.

Heureux rocher… sans tendresse,…
Sans souvenir d’allégresse,…
Sans désespoir,… sans enfants !

Ô manitous des vengeances,
Prenez avec vous la peur,
Le noir remord et les transes,
Et rendez-leur les souffrances
Qui me déchirent le cœur.

Suivez, avec la misère,
Les trois fils de Cogomis ;
Reprochez avec colère,
À ces bourreaux de leur mère,
Le crime qu’ils ont commis.

La nuit, ma gébie errante
Saura troubler leur repos ;
Dans l’ombre, autour de leur tente,
Ma voix rauque, d’épouvante
Les glacera jusqu’aux os.

Après ces derniers mots, l’infortunée, avec un grand cri, se précipite dans la rivière. L’eau revole ; la vague, un instant affolée, se ressaisit, re-