le pôle avec les bruants des neiges ; elle repasse les sombres mers du nord et se retire, seule, au foyer d’où rayonnent les aurores boréales, comme pour y retremper sa verve dans les glaces éternelles.
De cette poésie de la nature l’endurance de l’Algonquin est faite en bonne part. Ses forêts vierges lui parlent ; elles ont des voix d’ancêtres, presque divines, si familières et si douces, qu’elles le tiennent attaché à sa misère et la lui font préférer aux exigeantes commodités de notre vie artificielle.
Cogomis elle-même en goûte encore le charme. Au reste, par quoi son âme payenne remplacerait-elle une perte totale de ses illusions ? Celles-ci ne lui valent-elles pas mieux que la désespérance des mânes de vieillard, errant dans le voisinage des tombeaux ?
Vivre, entendre, se souvenir, c’est être encore enfant de la maternelle nature dont, seul, le chrétien sait se détacher pour une espérance plus haute.
Hélas ! la malheureuse nourrit d’autres illusions encore plus douces, auxquelles son cœur de mère devra bientôt renoncer.
Lune des fleurs. Derniers glaçons s’en allant à la dérive sur la rivière Moose. En canot, la famille de Cogomis, remonte vers le lac Abbitibbi pour y