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les hurons-iroquois

indigne de leur attention. Aussi délibèrent-ils moins souvent que leurs compagnes. Quant à la question de savoir s’ils se pensent obligés de tout leur soumettre ? les faits répondent que non.

Sous la galanterie des formes qui semble donner tant d’importance aux avis des matrones, les sénateurs cachent habilement leur véritable jeu, qui consiste à approuver autant que possible les décisions des conseillères, puis à en prendre souvent d’autres auxquelles elles n’ont pas pensé. Il suffit pour cela de ne pas les tenir au courant de tout : « Dans le vrai, dit Charlevoix, les hommes ne parlent aux femmes que de ce qu’ils veulent bien qu’elles sachent, et rarement une affaire importante leur est communiquée, quoique tout se fasse en leur nom, et que les chefs ne soient que leurs lieutenants. »[1]

Au reste, les affaires de grande conséquence, ne se terminent pas sans le conseil général des différents corps de la nation.

Ici, tout le monde peut opiner ; mais peu osent le faire parmi ceux qui n’ont pas à leur crédit l’âge et l’expérience. Ce double avantage appartient aux sénateurs. Les écouter avec déférence est, même pour les jeunes chefs, se montrer sage. Ils le font et s’enferment prudemment dans leur rôle disciplinaire et exécutif.

  1. « Journal d’un voyage dans l’Amer. Sep. », p. 269.