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cogomis

eaux souterraines, au fond de l’âme algonquine ? Quoi qu’il en soit des esprits sournois ou gais, le Sassinanabic (tel est le nom de ce rocher) continue d’être hanté par une ombre : la gébie lamentable d’une femme nommée Cogomis.

Comme autrefois, Kabébonicka, le vent du nord-ouest, s’y déchire aux angles de la pierre, mais à ses rumeurs fluctuantes se mêle, au lieu des voix grêles de manitous, les cris rauques de mânes en détresse.

Oh ! la mère Cogomis, les yeux qui l’ont vue sont depuis longtemps fermés ; mais, de père en fils, sa navrante histoire a passé ainsi que la croyance à la hantise du Sassinanabic. Les gros arbres penchés de vieillesse sur le courant de la rivière, durent naître en même temps qu’elle. Ils l’ont vue passer, mais ne survivront pas à son souvenir fixé par la légende.

À l’époque où s’ouvre le récit, Cogomis, aveugle, octogénaire, est un fardeau pour ses fils : Awessenipin, Sesibahoura et Awatanit. Ces trois sauvages, païens (comme leur mère du reste) et observateurs fidèles de rites superstitieux, s’adonnent à la magie, croient ferme à leurs songes et consultent leurs esprits gardiens avec une confiance aveugle qui les rend capables des actes les plus insensés.

Le long des fleuves tributaires de la Baie James,