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le windigo

Préambule.

Les algonquins du Nord se sont toujours montrés naturellement doux. Cependant, on en a vu quelques-uns, abrutis par la misère, commettre des crimes atroces. Ces mangeurs d’écorce, comme les appelaient les riches Iroquois, en étaient souvent réduits à se nourrir d’une espèce de mousse vulgairement nommée tripe-de-roche et du liber de certains arbres.

Nonobstant leur condition de nomades qui les obligeait à traîner péniblement leurs malades et leurs infirmes, ces crimes étaient plutôt rares chez eux, et jamais ils ne manquaient de les flétrir et d’en punir les auteurs lorsqu’ils le pouvaient. Le lugubre souvenir s’en conservait sous forme de légendes, dans leurs tribus vagabondes, et ces légendes, admirablement racontées, inculquaient des principes salutaires à la jeunesse toujours avide de récits.

Celle qui suit a été recueillie par nos missionnaire chez les Cris de l’Abbitibbi et de la rivière Moose qui la conservent encore. Elle vise manifestement à inspirer de l’horreur pour le crime de ceux qui abandonnent leurs vieux parents.