et les abords de la grotte aux Esprits, passer de longues heures, cachés près de l’étang ; ils eurent beau pénétrer dans les plus obscures retraites de la forêt et revisiter cent fois tous les lieux pittoresques dont leur fille aimait à parler, ce fut peine inutile. Ils espéraient avec leur flair de sauvages, découvrir quelques pistes sur le sable des grèves, quelque lit de feuilles sèches au pied des rochers… Illusion ! Aucun indice ne leur révéla jamais le passage de l’être chéri qu’ils avaient perdu. Avec le temps, ils se lassèrent de chercher : leur amour ne se consola jamais.
Longtemps après l’événement douloureux, on aurait pu reconnaître la mère de Lilino, à ses cheveux en désordre, à sa persistante tristesse, à ses yeux rougis par les larmes. Bien que plus contenue, la douleur de son père ne fut pas moins profonde. L’un et l’autre se reprochèrent toujours, combien amèrement ! de n’avoir pas surveillé la jeunesse de leur fille, d’avoir laissé se fortifier ses inclinations bizarres et de les avoir ensuite inconsidérément contrariées.
Par un soir très calme, sous un ciel encore embrasé par l’astre disparu, des pêcheurs ont jeté l’ancre en face de Manitouak, et tendent leurs