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en mocassins

Vont-ils pénétrer dans ce repaire mystérieux ? — En d’autres conjonctures, ils ne l’auraient certes pas osé ; mais leur fille est peut-être là, et, dussent-ils l’arracher aux bras d’un manitou !…

Hardiment, flambeau à la main, ils s’aventurent sous la voûte noire, vont jusqu’au fond, fouillent tous les recoins, en appelant Lilino… Pas de réponse… Il ne sort de cette ombre que des chauves-souris empressées de s’enfuir par l’ouverture béante.

De nouveau, ils parcourent les bois enténébrés, mais le nom chéri qu’ils jettent de tous côtés, leur revient seul, plus doux encore et multiplié, comme une moquerie de génies espiègles. Après bien des courses et des appels, ils s’arrêtent épuisés, dans le silence morne, écoutant et n’entendant que les battements de leurs cœurs. Et c’est pour recommencer encore et encore leurs recherches infructueuses.

La sonore pinière se contente de répéter mille fois le doux nom de Lilino mêlé à de tendres reproches : « Pourquoi quitter tes pauvres parents ? Reviens nous consoler… N’abandonne pas notre vieillesse… Reste avec nous puisque tu ne veux d’aucun amant… Jamais nous ne te ferons plus de peine… Reviens, reste avec nous jusqu’au jour où tu nous fermeras les yeux. »

Les jours et les nuits qui suivirent ils eurent beau, les deux infortunés, surveiller le pin hanté