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la fiancée du manitou

pics dorés, des merles, des rouges-gorges à manteaux bleus. Lilino y ramasse des fagots pour l’entretien du foyer, et, le soir, y court par les petites battues, à la rencontre de son père revenant de la chasse et le soulage de son gibier.

Trois jours s’écoulent ainsi, pendant lesquels elle s’applique à tout préparer pour la fête des noces. Des peaux de loutres et de castors tapissent l’intérieur de la cabane ; de longues mousses peluchées, d’un blanc verdâtre, s’y accumulent pour servir de tabourets. Des pleins paniers de bleuets se balancent, suspendus aux chevrons. La mère achève de fabriquer une immense marmite d’écorce dans laquelle on cuira la venaison en y jetant des roches rougies au feu.

Nonobstant ses occupations, Lilino trouve du temps pour sauter à la corde et jouer aux osselets avec les jeunes filles du voisinage. Le manitou de la mélancolie semble vaincu.

La mère seule n’est pas complètement rassurée. Elle a comme le pressentiment d’un malheur. Tout en paraissant se réjouir, elle éprouve une vague inquiétude, car elle se demande, sans pouvoir l’expliquer, comment sa fille a pu oublier aussi vite et aussi complètement les séduisantes paroles du rusé manitou.

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