J’ai ma retraite solitaire
Dans le massif au front songeur,
Avec l’enchantement, mon frère,
Et la félicité, ma sœur.
Ma voix semble, lointaine, vague,
Sortir du rêve et du sommeil.
Je suis fluide, ainsi la vague
Où fond le baiser du soleil.
Je fais broder par la lumière,
Ma tunique de papillon ;
Pour peindre mon aile légère,
J’emprunte au soir le vermillon.
Je taille dans la fantaisie
Mon panache, mes mocassins ;
Et j’excite la jalousie
Des fleurs aux caprices divins.
J’ai de l’émail et des peintures
Qu’à l’automne j’ai dérobés ;
Des triples colliers, des ceintures,
De l’arc-en-ciel un soir tombés.
Si je pars en course lointaine,
Le hasard, près de moi, s’assied
Dans mon canot de porcelaine
Ou sur le zéphyr, mon coursier.