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la fiancée du manitou

Aux heures de repos, ses parents, tout en se passant paisiblement le calumet, se confient mutuellement leur inquiétude et cherchent un moyen de sauver leur enfant.

Selon l’opinion de la mère son amant habite la mystérieuse forêt, et, pour le lui faire oublier, le meilleur moyen semble être de lui trouver un parti. Le fils d’un chef voisin l’entoure de ses attentions.

L’idée parait sage au père, et d’accord, les deux époux décident de favoriser le jeune homme. Ils font donc à leur fille l’éloge de son adresse et de sa beauté, ne négligent aucun moyen de persuasion, mais ne peuvent obtenir le consentement de Lilino. De leur insuccès, ils accusent surtout son excessive timidité, et, dans l’espoir que ses répugnances se dissiperont peu à peu, ils font savoir au jeune aspirant qu’il est accepté. Grande joie dans les deux familles : selon la mode indienne, on procède aux accordailles, on fixe le jour du mariage…, on fait les invitations, on prépare le festin des noces.

Lilino seule ne se réjouit pas et semble même désolée. Elle fait auprès de ses parents d’inutiles instances. Voyant qu’elle ne gagne rien, elle pleure amèrement, mais on continue de préparer la fête. Retenue de force au logis, elle réussit enfin à s’échapper et la voici courant de nouveau, sans se douter qu’on la suit, vers la pinière hantée.

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