rameaux, elle voit l’azur céleste où volent de blancs nuages, où la vue s’égare dans le vague. Toute son âme candide passe dans ses yeux et, d’une voix sombrée à l’instar de celles qu’elle entend, elle recommence à parler aux esprits :
Là-haut, dans les ombres flottantes,
Crois-tu que je ne t’entends pas,
Fuyard esprit des pins qui chantes
Et chuchotes et ris tout bas ?
J’aime ton joli babillage
Avec le manitou du vent.
Tous deux vous hantez le feuillage
Et vos jeux le rendent vibrant.
Les rameaux vous servent de voiles,
Et vous regardez à travers :
J’y vois luire, ainsi des étoiles,
Vos yeux de flamme aux longs cils verts.
Sa mère ne peut saisir d’autres paroles prononcées d’une voix encore plus douce et plus faible ; mais ce qu’elle vient d’entendre lui paraît si extraordinaire qu’elle ne peut en croire ses oreilles. Elle ne peut non plus s’empêcher de penser à certain manitou nommé Plume-Verte et bien connu pour habiter la pinière. Pensée peu rassurante : c’est cet esprit qui agite les feuilles lorsqu’il ne vente pas ;