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en mocassins

Préambule

Les Algonquins sont en général doués d’une grande sensibilité. De là, chez eux, une tendance aux excès parmi lesquels je veux noter, en vue de la légende qui suit, leur indulgence souvent aveugle envers leurs enfants, et la peine excessive que ceux-ci conçoivent de la moindre réprimande.

Pour ne parler que du temps jadis, une mère qui jetait quelques gouttes d’eau à la figure de sa fille, en lui disant : « Tu me déshonores », lui infligeait un châtiment mémorable et qui même n’allait pas sans danger, puisque de simples reproches un peu sévères, eurent quelquefois pour conséquence le suicide de l’enfant.

Cette sensibilité que l’isolement de la vie sauvage aiguisait encore, poussait beaucoup de jeunes gens à la mélancolie. Il ne faut donc pas s’étonner si le folklore algique contient des légendes destinées à combattre ce mal, soit en le faisant craindre aux enfants, soit en mettant les parents en garde contre les suites d’un laisser-faire excessif.