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chémanitou et machinitou

tons-d’or, d’asters et de marguerites.

Par endroits, un peu de soleil éclaire le fourmillement des manitous qui attendent, silencieux, remuant doucement leurs ailes, prêts à partir comme de volages papillons. À chaque instant, il s’en lève une volée qui s’avance au ras du sol et se pose plus près de la ruine fumante.

Chémanitou lui-même apparaît enfin, et tous, devant lui, s’inclinent comme un champ de roseaux sous le vent. Il ne semble pas les voir et sa figure porte les fronces de la tristesse. Ses yeux ne se détachent pas des flammes verdâtres qui lèchent la terre autour du colosse abandonné. Lui aussi, il attend, dans un silence morne.

***

Bruit formidable suivi d’un grondement de tonnerre qui persiste. De la cave changée en volcan, jaillit une gerbe énorme, enflammée, de pierres et de sable. Le monstre lui-même, rouge de feu, terrifiant, grimpe sur le bord du cratère.

Mais revenons à son enterrement par Chémanitou. Jeté dans le souterrain, étourdi par la chute, accablé sous une montagne de roches et de terre, il n’a cependant pas perdu son germe de vie ; son feu intérieur ne s’est pas éteint. Peu à peu, il s’est rétabli, a senti sa force lui revenir et se décupler. Alors, il